Une fringothèque en bibliothèque ou la naissance de notre ZAD

Une fringothèque en bibliothèque, drôle d’idée ?! Et bien, pas forcément. C’est en remarquant que certains de nos usagers habituels arrivaient avec des tee-shirts complètement déchirés que l’idée a germé. Non pas que nous soyons attaché·es à la « tenue correcte exigée », mais beaucoup plus à un accueil digne et les vêtements peuvent rapidement être une source de stigmatisation.

La vie d’une bibliothèque dépend aussi des personnes qui la fréquentent, et comme à la Canopée nous aimons innover, il suffisait de se lancer.

Partant donc du constat d’un potentiel besoin en habits en bon état, quelles solutions pouvait-on apporter ? Proposer directement des vêtements de rechange à nos usagers ? Bonjour la stigmatisation ! Laisser un carton à disposition dans les toilettes ? Pas top en terme de dignité. Mais surtout, où trouver ce stock d’habits ? Auprès des bibliothécaires pardi !

Ce fut finalement la partie la plus facile, avant même l’ébauche du projet, j’envoyais un mail à l’équipe pour les avertir que je récupérais dès à présent toutes les tenues en bon état dont iels ne voulaient plus. C’était le printemps, moment de grand rangement, le résultat a dépassé mes espérances.

Le problème du stock de départ réglé, je me suis lancée dans la recherche de projets similaires. Après tout, je ne devais pas être la seule à avoir eu cette idée. J’ai donc découvert le très beau projet de la médiathèque Louis Aragon de Martigues : en juillet 2017, ouvre dans le hall du bâtiment un service de troc de vêtements qui deviendra la fringothèque. De ce que j’ai lu aujourd’hui, ça fonctionne tellement bien que le lieu est géré par des bénévoles et que les vêtements sont proposés par saisons, printemps/été et automne/hiver.

Le rêve oui, qui entraîne cependant de nouvelles questions. Comment pouvions-nous envisager d’organiser la même chose à la Canopée ? Nous n’avons déjà pas de salle pour nos animations, alors un espace dressing encore moins. Et puis nous n’avons pas de bénévoles non plus, il faut que tout repose sur l’équipe et l’engagement des collègues. Quelques freins sont apparus aussi, est-ce qu’il y aura des abus ? Comment faire pour que les usagers s’emparent du système de troc ? Et que se passe-t-il lorsqu’ils n’ont rien à échanger ? Faut-il créer un service ponctuel ou pérenne ? Qui s’occupera du tri des vêtements, ou de les laver ?

Je réfléchissais à comment réorganiser mes vacances d’été pour aller rendre visite aux collègues de Martigues quand ma directrice m’apporta la solution. À Saint-Ouen, la médiathèque Persépolis a aussi sa fringothèque et c’est direct par le métro 14 !

Avec quelques collègues, nous sommes donc parties à la découverte de Persépolis un matin de novembre, sur invitation de son directeur (évidemment). Et tout est devenu clair. En novembre 2018, ils ont installé dans un de leurs espaces un meuble armoire (fabriqué par une association avec leurs usagers) et depuis la fringothèque s’autogère. Les gens donnent et prennent, une limite de 3 vêtements par personnes est fixée mais l’armoire n’est jamais vide. Les bibliothécaires assurent un tri des vêtements donnés et la très grande majorité est en bon état. C’était finalement très simple.

Nous sommes revenues ultra motivées pour installer notre espace fringothèque d’ici le 1er trimestre 2023, d’autant plus que l’étagère accueillant les dons de l’équipe commençait sérieusement à déborder sur les autres fonds (pardon les Littératures de l’imaginaire). Lors de la fermeture de la bibliothèque en janvier, nous avons créé un groupe de travail pour finaliser la mise en place, l’espace d’accueil a été officialisé, la Mairie Centre nous avait trouvé un portant, le réseau nous avait permis de récupérer un meuble, nos étudiantes en art de finaliser la déco, il ne lui manquait plus qu’un nom.

C’est lors d’un brainstorming entre deux plages de service public un samedi que la ZAD est née. Nous souhaitions que cet espace soit un lieu de partage, de solidarité, de vivre ensemble ou encore d’activités créatives. La ZAD s’adapte et vit donc en fonction des envies : de Zone A Dons et Zone A Dressing, elle devient Zone A DIY lorsque nous voudrons proposer des ateliers créatifs (couture, broderie, etc…), puis Zone A discussion avec les cafés littéraires et BD ou A Débat lors de nos soirées. Tout ça sous l’œil bienveillant de Zadig, mannequin donné par l’association Fil circulaire.

L’ouverture est imminente et nous espérons que la ZAD sera adoptée avec autant d’enthousiasme que nous en avons eu en la créant. Il y aura certainement de nouveaux questionnements et des ajustements à faire dans les mois à venir mais nous nous adapterons. Et malgré tout, nous réfléchissons déjà à élargir le projet en proposant des tailleurs et costumes pour des entretiens professionnels.

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