Dans le cadre de notre projet de bibliothèque verte, nous poursuivons notre formation. Au programme, visite d’un centre de tri du Syctom par l’équipe de la médiathèque. Voici le compte-rendu !
Ce matin du 3 février, rendez-vous au centre de tri du Syctom de Paris, 15ème arrondissement, qui gère les déchets des poubelles jaunes de Paris Rive Gauche, ainsi que la moitié du département des Hauts-de-Seine (92), ce qui correspond à la production de 740 000 habitants environ.
Les autres centres de tri et d’incinération du Syctom suivent la même logique de proximité : ainsi la Rive Droite envoie ses déchets au centre situé Porte de Saint Ouen.
Le centre du 15ème arrondissement a été créé en 2010 et rénové dès 2019 pour que l’usine s’intègre dans son environnement, en répondant aux besoins de discrétion et d’assainissement (la question des odeurs est particulièrement cruciale). L’héliport voisin et le périphérique font bien plus de bruit en comparaison !
Les structures de ce type ont entre trente et quarante années de durée de vie : elles nécessitent des rénovations fréquentes afin de les adapter aux nouvelles normes.
Du lundi au samedi, le centre accueille environ 50 camions, contenant chacun 1 à 3 tonnes de déchets. Les camions peuvent venir déposer leur cargaison la nuit, mais le centre de tri ne fonctionne que le jour : les déchets déposés de nuit ne seront donc traités que le lendemain. Chaque camion est pesé deux fois : une fois à l’arrivée, plein, et une seconde fois au départ, vide.
Si trop d’erreurs sont constatées (par exemple, un volume trop important de poubelles dites « grises », celles qui contiennent les ordures ménagères) le Syctom adresse un rapport à la Ville et peut faire un rappel à l’ordre. La Ville peut également effectuer une nouvelle campagne de communication afin de préciser les règles de tri aux habitants.
Avec les nouvelles consignes de tri décidées en 2022, les poubelles jaunes devraient être ramassées deux fois plus qu’avant. Mais ce n’est pas toujours le cas suivant les collectivités.
La fréquentation des camions varie selon le rythme de l’année : entre novembre et mars, jusqu’ à 5 camions par heure peuvent arriver, ce qui s’explique par une surconsommation due aux fêtes de fin d’année. Entre juin et septembre, en revanche, c’est une période creuse : il est rare d’avoir plus de 3 camions par heure. Là encore, l’impact des flux liés aux vacances est sans doute à prendre en compte.
Au quai de déchargement, les camions bennes déposent les déchets en « montagne ». Là aussi, cela dépend des périodes : lors de notre visite début février, on pouvait compter deux montagnes et demi. Au mois d’août, la demi-montagne n’est jamais dépassée.
Un premier tri visuel est effectué pour éviter les erreurs flagrantes : la benne grise reçoit les déchets correspondant plus à la déchèterie (mobilier, électroménager, vélos, etc.), la benne verte reçoit les matériaux issus du Bâtiment et des Travaux publics (BTP), et la benne rouge les textiles. Ainsi, mêmes les erreurs de tri sont rectifiées et les déchets envoyés dans les bonnes lignes de traitement.
Après le dépôt sur les montagnes, les déchets sont soulevés par tractopelles, puis déposés sur la trémie (sorte de tapis roulant) pour accéder au trommel. Le trommel, c’est un énorme tambour de machine à laver qui va secouer les différents éléments, et séparer les gros déchets des petits.
Ensuite, ils passent dans les cribles balistiques : ce sont des tapis roulants qui vont faire rebondir les déchets. Les éléments qui rebondissent (corps creux, comme les bouteilles plastiques) sont séparés de ceux qui ne rebondissent pas (corps plats, comme un carton plié).
Les déchets « problématiques » (métal et films plastiques) sont écartés, chacun selon des procédés différents : deux systèmes d’aimants pour le métal (acier et aluminium) et un ventilateur pour les films et sacs plastiques légers.
Les plastiques et cartons/papiers passent au trieur optique : il s’agit d’une machine avec lampe et caméra infrarouge. Un ordinateur analyse automatiquement et rapidement les photos pour pouvoir redistribuer les déchets selon les types de plastiques. L’ordinateur peut également être programmé pour trier les plastiques par couleurs, ce qui peut être utile par exemple si une marque de vêtement commande des déchets de plastique bleu. Cette sélection en amont évite à la marque de rajouter des pigments dans la fabrication, et évite les surcoûts de production.
Après l’ordinateur intervient l’étape de la vérification humaine : les 20 agents de Véolia vérifient si les machines ont bien fonctionné, si les plastiques sont correctement triés et si le métal et autres déchets « problématiques » ont bien été enlevés.
Enfin, si chaque type de déchet a bien été rangé avec ses congénères, ils sont compressés dans la presse à balles : l’appellation est trompeuse car ce qui sort de la presse n’est pas sphérique, mais carré ! Pourtant c’est bien le terme « balle » qui est utilisé. Ces balles sont enroulées de fil de fer pour éviter la désagrégation lors du transport.
Le poids et la taille des balles dépendent bien entendu de la matière constituant celles-ci : une balle d’acier ne dépasse jamais 20 kilos au total, alors qu’une balle de carton/papier peut contenir 3 mètres sur 3 de matières.
Les balles sont ensuite vendues à des centres de recyclage spécialisés dans les matières spécifiques. Ce sont également ces centres qui s’occupent de la partie « recherche scientifique » : comment mieux recycler une matière, éviter les pertes, améliorer les techniques de réutilisation, etc. Les prix des balles sont en général bradés par le Syctom pour ne pas avoir de stock. Quand il y a une surproduction trop importante de balles suite à différentes causes (surproductions de déchets, pannes ou arrêts suite à des mouvements sociaux), les balles partent à l’incinération.
Concernant leur organisation de travail, les agents travaillent en roulement sur deux équipes. La première équipe du matin est sur place de 7h à 15h. L’autre, celle de l’après-midi, travaille de 15h à 21h30. Quand les agents prennent une pause, tout le monde prend sa pause en même temps : l’usine s’arrête temporairement de vérifier, donc de trier. Il est impossible de ne laisser que les machines trier, car la vérification humaine est indispensable du bon fonctionnement du circuit ! Donc pendant la pause déjeuner, aucune vérification ni tri pendant une heure.
Le centre est fermé seulement les dimanches, les jours fériés, les jours de grève ainsi que les jours de maintenance des machines réalisé par Véolia (environ 1 semaine complète par an).
Pour terminer la visite, une question nous taraudait encore. Quels sont les objets les plus bizarres qui ont atterri au centre de tri ? Une fois, un moteur de voiture entier a été trouvé dans une des cargaisons. Les petits éléments d’électroménagers (sèche-cheveux) sont très fréquents, ainsi malheureusement que les cadavres d’animaux sauvages ou domestiques. Rappelons que jeter un animal vous ayant appartenu est passible d’une amende : le mieux est de vous adresser à un vétérinaire, ou de chercher un crématorium animalier.
Parfois les déchets qui arrivent peuvent être dangereux : c’est le cas des batteries ou des piles contenant du lithium. Le lithium peut s’enflammer sans faire de flammes apparentes, et peut transmettre la combustion au carton et au papier de façon spectaculaire et rapide. Nous rappelons donc qu’il est important pour la santé et la sécurité de tous les agents présents dans les centre de tri de respecter les collectes spécifiques pour les piles et batteries, que l’on trouve aujourd’hui dans tous les centres commerciaux, dont celui de Westfield les Halles, où est située la médiathèque de la Canopée !
La fabrique à idées 