On a visité le Fonds d’Art Contemporain – Paris Collections !

Le Fonds d’art contemporain – Paris Collections est une collection d’œuvres appartenant à la Ville de Paris. Ce fonds a été constitué par des dons ou achats. Il a la particularité de ne pas avoir de lieu d’exposition permanente. Ses locaux sont situés dans le 18ème arrondissement de Paris. L’équipe de la médiathèque a eu envie de visiter les réserves dans le cadre d’un nouveau partenariat !

Qui travaille au FAC ?

L’équipe du FAC est constitué d’une quinzaine de personnes, dont 5 personnes sont dédiées à la régie des œuvres. Ensuite viennent la gestion scientifique des collections, les métiers transversaux (chargé·e de communication, de suivi administratif) et surtout l’équipe médiation, dont les rôles sont bien répartis :

  • Nathalie a la charge de proposer des œuvres au prêt aux établissements scolaires et de la Petite Enfance qui le souhaitent. Il s’agit du programme ‘Une œuvre à l’école‘, qui va de la crèche au collège.
  • Julie est chargée de médiation dans le champ social, avec le programme ‘Une œuvre en partage‘. Elle contacte des structures très différentes comme des EHPAD, des centre d’hébergement d’urgence, des foyers, des services hospitaliers de psychiatrie, etc. Elle leur propose des œuvres au prêt et des temps de médiation comme des rencontres avec les artistes et/ou des ateliers créatifs en lien avec l’œuvre.
  • Flore est chargée de médiation auprès des lieux culturels comme les bibliothèques, les établissements d’enseignement supérieur, etc. Elle est également chargée du programme Jeunes collectionneurs : elle demande à des classes de collèges de repérer des œuvres en galerie et de les défendre en commission d’acquisition du FAC.

Enfin, une équipe est dédiée au récolement : elle se rend dans les administrations avec l’inventaire des œuvres et vérifie si les œuvres sont toujours là où elle sont censées être, et quel est leur état de conservation. En effet, à une époque, n’importe quel agent de la Ville de Paris pouvait demander une œuvre du Fonds Municipal d’Art Contemporain pour décorer son environnement de travail ! Aujourd’hui, les dépôts administratifs (prêts sans médiation) sont réservés uniquement aux maires d’arrondissement et à l’Hôtel de Ville de Paris, de préférence dans des lieux de passage, comme les couloirs d’accès, pour que le plus de monde puisse avoir accès à l’œuvre.

Le FAC n’a pas de restaurateur·ice en interne, ils doivent faire appel à des prestataires, parfois très spécialisés dans certaines techniques ou support, comme pour cette œuvre composée d’un écran de télévision et d’un programme informatique :

L’œuvre Lieux de l’état, état des lieux de Présence Panchounette emballée dans les réserves

De quoi est composé le Fonds ?

La plupart des œuvres conservées ont été acquises à partir des années 80, mais il y en a des plus anciennes car la première mention d’un Fonds d’Art Contemporain de la Ville de Paris date d’un document de… 1816 ! Les œuvres qui étaient contemporaines à l’époque sont donc aujourd’hui de l’art ancien ou moderne. Depuis les années 80, toutes les œuvres doivent passer devant la commission d’acquisition, y compris les dons. La commission se tourne uniquement des artistes vivants pour soutenir la création actuelle.

La commission d’acquisition 2024 disposera d’un budget de 180 000 euros, dont environ 4000 euros pour le programme « Jeunes Collectionneurs ». Cette commission est composée de la conservatrice du Fonds d’art contemporain, du chef du Bureau des Arts Visuels, et des personnalités extérieures comme des commissaires d’expositions, locales ou nationales ou de journalistes ou critiques d’art. Les artistes qui candidatent à l’achat doivent avoir au moins un lien avec Paris : cela peut être leur lieu de résidence, le sujet de l’œuvre, ou le fait qu’iel soit représenté·e par une galerie parisienne.

On veut voir les bureaux !

Voici le bureau des trois chargées de médiation, qui est aussi centre de documentation.

Les livres ont subi un classement original, puisqu’ils ont été rangés par… format. Pour accéder aux plus petits, il faut un élévateur avec permis (dommage on aurait voulu essayer). Dans ces très beaux meubles à fiches vintage, sont rangés les dossiers d’œuvres, dans lesquels on connaît toute la vie de l’œuvre : son acquisition, si elle a fait l’objet de restauration, ses prêts. Il existe désormais un équivalent numérique, avec des photographies de l’œuvre prises par un·e professionnel·le pour pouvoir documenter la base de données du site Internet. Ces clichés ne sont pas libres de droits d’ailleurs ! Si vous vous y connaissez un peu en propriété intellectuelle et droits culturels, vous saurez déjà que le FAC rémunère l’ADAGP (l’équivalent de la SACD pour les artistes) pour avoir le droit d’utiliser ces images.

Le Fonds d’Art Contemporain – Paris Collections contient à l’heure où est rédigé cet article un peu plus de 23.400 œuvres.

Et les réserves ? On veut les voir aussi !

Il y a six réserves, où les œuvres ont été classées selon leur type : sculptures, tissus, vidéo, peintures, etc.

Il existe aussi une zone de quarantaine, car les œuvres récupérées par le FAC après avoir été exposées sur une longue durée subissent souvent des risques d’invasions d’insectes, de moisissures. Elles sont donc examinées à l’écart et mises à « l’anoxie », c’est-à-dire qu’on les place dans des grandes poches, dont on retire tout l’air, afin d’arrêter la propagation des insectes et des champignons.

Les caisses de la réserve Sculpture ont toutes été faites sur mesure par des prestataires. Certaines œuvres sont en effet démesurées : c’est le cas de ces 16 grands cartons (ci-dessous), installation particulièrement difficile de Elisabeth Ballet à prêter car difficile à installer dans des espaces parisiens fermés, où la surface est souvent réduite…

Nous en avons profité pour voir l’œuvre d’Hélène Hulak, que nous accueillerons bientôt pour une exposition temporaire à la médiathèque ! Et pour découvrir le « Cabinet de curiosité », composé de sculptures et d’objets anciens qui ne sont pas prioritaires pour la restauration… Vous comprendrez pourquoi sur un détail de la 5ème image. Le CNAP (équivalent du FAC-Paris Collections mais à l’échelle de l’État) rencontre les mêmes problématiques.

Exceptionnellement, en cette année olympique, le FAC participe à un programme « 24 œuvres, 24 établissements sportifs », qui consiste à prêter des œuvres ayant un lien avec le sport dans des piscines ou gymnases municipaux.

Les régisseur.es contrôlent régulièrement la climatisation des réserves, en mesurant les températures et l’hygrométrie. Les autres réserves que nous avons pu visiter sont celles des peintures & photographies, ainsi que celles des tissus (enroulées sur elles-mêmes comme dans les magasin de toiles cirées), estampes, gravures, collages et œuvres vidéo.

Concernant les photographies, ce sont des œuvres qui peuvent avoir plusieurs éditions, et être dans plusieurs collections en même temps.

Les œuvres vidéo sont aussi des œuvres en plusieurs éditions, et l’équipe du FAC fait face à la problématique de la pérennité du support, de sa conservation et de son accessibilité : en effet, dans quelques dizaines d’années, les œuvres enregistrées sur CD et DVD seront inaccessibles, le support risquant de ne plus être lu par aucun matériel… De même, se pose la question de la diffusion de l’œuvre aujourd’hui, dans un monde où l’image et le visuel happent sans cesse notre attention. La diffuse-t-on en boucle, comme une publicité du métro, ou à des moments très précis, exclusifs pour les spectateurs qui y prêtent réellement attention ?

En finissant la visite, nous avons discuté de la possibilité de créer une artothèque, c’est-à-dire de prêter des œuvres aux particuliers, comme cela se fait dans d’autres collectivités. Cela est testé en ce moment dans le cadre du programme Jeunes Collectionneurs, en prêtant des œuvres à des familles de collégiens.

Un grand merci à Flore pour la visite ! Nous espérons vous retrouver nombreux·ses à la médiathèque de fin avril à début juillet au moment de l’exposition temporaire d’œuvres textiles de 4 artistes du FAC, intitulée « Arts textiles et féminismes », accompagnée de nombreux ateliers et visites de médiation !

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